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L'extraction du sable dans le Niger : un travail difficile et polluant

Les hommes remontent le sable à travers le remplissage des paniers dans le fond du fleuve. Les femmes déchargent les pirogues. (c) Moussa Fofana

MALI – Dans le village de Farabana, les gens gagnent leur vie en extrayant du sable. Ce travail est lourd et dangereux et les activités polluent le fleuve Niger. Il est temps d’agir.

Après l’air et l’eau, le sable est la troisième ressource la plus utilisée de la planète. Il est utilisé incessamment pour les constructions et autres. En effet, l’extraction de sable est devenue depuis 1972 une activité de prédilection dans la commune de Mandé, particulièrement dans les villages riverains du Fleuve Niger parmi lesquels le village de Farabana.

Devenue une des principales activités économiques exercées par la population de Farabana, l’extraction de sable est pratiquée par hommes, femmes et surtout les enfants de moins de 15 ans,  pour subvenir aux besoins des familles. Elle a pris de l’ampleur à cause du manque d’alternatives pour la communauté à générer des revenus. Cette activité informelle, jadis pratiquée par environs 50 personnes, emploie de nos jours plus de 1000 personnes.

Un travail lourd…

L’extraction du sable est généralement manuelle. C’est est un long processus qui nécessite des efforts physiques importants dans ses différentes étapes.

Des plongeurs remontent le sable pour charger les pirogues à travers le remplissage des paniers dans le fond du fleuve. Après, les pirogues chargées de sable sont acheminées vers les berges du fleuve. Les femmes déchargent les pirogues et rassemblent le sable perdu pendant le déchargement en tas sur les berges du fleuve.  Après la vente du sable les camions bennes sont chargés qui viennent s’approvisionner pour les chantiers de bâtiments de la capitale (Bamako) et environs.  Toutes les étapes de l’extraction du sable sont effectuées à la force du bras et sans équipement adéquat avec son corollaire de fatigue, nous a confié monsieur Diakité qui pratique l’activité depuis plusieurs années.

Considéré comme une alternative sûre face à la faible productivité de l’agriculture puis à la faible rentabilité des autres moyens de subsistance, l’extraction de sable est devenue l’activité génératrice de revenus la plus rentable avec un fable coût d’investissement pour la population de Farabana. Les exploitants parviennent à générer les revenus journaliers satisfaisant compris entre 2 et 8 euros par individu, leurs permettant de combler les différents besoins familiaux (alimentation, santé, éducation).

… non sécurisé

Le travail d’extraction de sable est entrepris avec beaucoup de risques et de danger sans mesures de sécurité. Muni des pirogues, des pagaies, des cordes, des gamètes, des pelles, des petits seaux… les exploitants travaillent sans équipement de protection individuelle et collective. En effet, ces exploitants sont exposés à diverses maladies liées à l’eau et des risques sur l’intégrité physique.

De nos jours, il n’y existe pas une règlementation formelle relative à l’exploitation de sable dans le village de Farabana. La communauté aurait refusé la demande des autorités communales pour réglementer cette activité par peur d’un abus ou d’une éventuelle exploitation de celles-ci. Les exploitants se sont organisés en mettant en place quelques règles autours de l’activité afin de prévenir et/ou gérer l’éventuels conflits. Les règles disent en substance que l’ensemble des activités réalisées dans le fleuve est gratuit, rapporte monsieur Modibo Camara communément appelé « Dankan Président des exploitants de sable de Farabana ». Autre règle convenue, les exploitants versent un montant d’environ 8 euros par mois et par pirogue aux différents villages qui servent de sources d’extraction de sable à titre de permis d’exploitation.

… et polluant

Aujourd’hui, l’extraction de sable constitue une menace pour la rivière. Le long des berges des personnes marchent dans tous les sens, les pirogues de toutes dimensions remplies ou vides de sable s’activent aux bords du fleuve. Cette menace est traduite dans la pollution de la ressource, le rétrécissement du lit du fleuve, la disparition de certaines espèces aquatiques et la forte prévalence des maladies liées à l’eau et les noyades.

Aujourd’hui, les berges du Fleuve Niger le long de Farabana sont transformées en dépotoirs ou points de vente de sable et nous ne disposons plus du Fleuve sur notre terroir, nous confient les exploitants. Autrefois très riche en ressource de sable, les exploitations abusives ont fini par le rendre quasiment indisponible et obligent les exploitants à se trouver d’autres sources d’approvisionnement ailleurs.

Il est temps d’agir

Le Diagnostic Territorial Communautaire Participatif (DTCP) est l’une des activités de démarrage du nouveau programme au Mali. Aux termes de ce DTCP, Join For Water et ses partenaires ont eu une connaissance approfondie des écosystème étudiés en ce qui concerne les pressions, l’état, les impacts et les réponses envisagées localement pour leur restauration ainsi que les services qu’ils offrent aux populations.

La population de Farabana a une conscience relativement bonne des défis et des enjeux liés à la dégradation du fleuve Niger par suite de l’extraction du sable. Ceci se traduit par des actions de préservation et de restauration de ressource vitale pour le village. Malheureusement ces actions restent insuffisantes eu égard à l’ampleur du phénomène de dégradation et de pollution et elles ont besoin d’être soutenues dans la durée.

Justement, le programme 2023 – 2026 prévoit un paquet d’activités incluant la restauration des écosystèmes (y compris le fleuve Niger). La restauration des écosystèmes est renforcée par les activités d’éducation environnementale dans les écoles et par la Recherche -Action.

Enfin, Join For Water a commandité une étude en vue d’investiguer sur les dispositions règlementaires en matière de protection de l’environnement. Les conclusions de cette étude serviront de matière pour soutenir les actions locales de protection du fleuve Niger.

Join For Water, l’ONG locale CSPEEDA et les instituts de recherche et collaborateurs scientifiques de Join For Water, ont de l’expertise diversifiée pour opérationnaliser les conclusions et les recommandations de l’étude.