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Actualités

Des mécanismes financiers innovants

Bénin, la vallée de l'Ouémé (c) Alexia Guebels

L’un des principaux défis liés aux écosystèmes consiste à déterminer la source de financement pour leur protection et leur restauration. Les écosystèmes liés à l’eau, en particulier, offrent un large éventail de services, notamment la prévention des inondations, l’irrigation pour l’agriculture, les possibilités de pêche et la facilitation des transports. S’ils sont correctement entretenus et protégés, ces services représentent une opportunité précieuse pour les communautés locales de générer des revenus supplémentaires, ce qui pourrait les inciter à préserver ces écosystèmes et/ou à réinvestir l’argent pour leur entretien.

Join For Water a mis en œuvre plusieurs mécanismes financiers visant à générer des revenus adéquats qui contribuent ensuite à soutenir ses efforts de protection et de conservation. Si certains mécanismes ont fait leurs preuves, d’autres sont encore en phase d’expérimentation. Nous avons identifié quatre modèles de mécanismes financiers, à savoir le paiement pour l’accès aux services écosystémiques, le modèle compensatoire, la génération de fonds réinvestis localement et l’usage de fonds externes.

 

Paiement pour l’accès aux services écosystémiques

 

Burundi, kiosque eau potable (c) Johan Slimbrouck

Au Burundi et en Ouganda, Join For Water a construit des infrastructures d’eau potable pour les communautés locales. Les villageois doivent payer une certaine somme d’argent en fonction du volume d’eau qu’ils achètent.

Les redevances sont collectées par des comités communautaires, formés par les partenaires de Join For Water au Burundi ou par la société publique de distribution d’eau du gouvernement en Ouganda, et réinvesties dans l’entretien des infrastructures d’eau potable.

Ce mécanisme a été mis en œuvre avec succès et a donné de bons résultats dans le temps, les infrastructures étant toujours opérationnelles à ce jour.

 

Les berges de la rivière Semliki en Ouganda sont endommagées par le bétail qui vient s’y abreuver. Pour les protéger, le gouvernement a établi une zone tampon dans laquelle les villageois, dont les éleveurs, n’ont pas le droit de pénétrer. Join For Water fournit une source d’eau alternative pour le bétail, à savoir l’accès aux eaux souterraines par le biais d’abreuvoirs. Les éleveurs doivent payer une redevance pour utiliser les abreuvoirs et ainsi avoir accès à l’eau. Cette redevance mensuelle est collectée par un comité et conservée dans les registres pour les futurs travaux de maintenance et d’entretien des abreuvoirs.

 

Modèle de compensation

En Ouganda, en République démocratique du Congo (RDC) et au Mali, Join For Water propose aux communautés locales des sources de revenus alternatives. Cette initiative vise à décourager l’exploitation excessive d’écosystèmes tels que les forêts. En effet, il est raisonnable de supposer que l’octroi d’avantages économiques dérivés de l’écosystème aux communautés les incitera davantage à en assurer la protection. Parmi les activités expérimentales testées, l’apiculture se distingue, ainsi que des initiatives telles que la culture de champignons. Ces activités génératrices de revenus sont actuellement en cours de mise en œuvre. Ainsi, leur impact sur les écosystèmes n’est pas encore observable et mesurable.

 

Génération de fonds réinvestis localement

Ce mécanisme financier suggère que l’augmentation des revenus provenant des services écosystémiques peut être réaffectée au maintien et à la protection de l’écosystème et/ou de l’infrastructure qui contribue à fournir ces services.

Au Bénin, Join For Water et son partenaire CREDEL ont curé des drains agricoles. Les sédiments, riches en nutriments, retirés des drains sont placés sur la parcelle, enrichissant ainsi la terre. En outre, les eaux de crue se retirent plus rapidement des terres agricoles par les drains, ce qui permet aux agriculteurs de semer plus tôt dans la saison. Après un an, les terres agricoles présentent déjà une augmentation de rendement par rapport aux terres où le curage des drains n’a pas eu lieu. Ainsi, l’amélioration du rendement est probablement attribuable au processus de curage des drains. CREDEL recueille actuellement des données supplémentaires sur l’augmentation des rendements.

Au Burundi, des micro-barrages ont été construits sur des parcelles agricoles pour recueillir les eaux de ruissellement le long des pentes abruptes des collines. Cette eau stockée sera utilisée pour l’irrigation, ce qui permettra aux agriculteurs d’irriguer leurs cultures pendant la saison sèche. On peut raisonnablement penser que les rendements augmenteront. Ces micro-barrages nécessitent un entretien, tel que l’enlèvement des sédiments, afin de fonctionner correctement.

Dans les deux pays, l’augmentation supposée des rendements agricoles entraîne une augmentation des bénéfices, ce qui permet aux agriculteurs d’allouer des fonds pour assurer la durabilité des interventions (curage des drains et des micro-barrages). Une analyse financière est nécessaire pour estimer la croissance des revenus attribuée à l’entretiendes drains ou des micro-barrages par rapport aux coûts associés. Cette évaluation facilitera la détermination du pourcentage approprié de revenus à épargner par cycle de récolte. Ce mécanisme financier est encore en phase expérimentale.

 

Usage de fonds externes

Ce modèle implique qu’une source de financement externe soit utilisée pour protéger et/ou restaurer les écosystèmes et leurs services.

Dans les Andes, un fonds binational a été créé pour protéger les écosystèmes du bassin hydrographique transfrontalier. Le financement proviendra de différentes sources, à savoir les gouvernements (de l’Équateur et du Pérou), les entreprises qui bénéficient d’une eau propre, telles que les riziculteurs, et les compagnies des eaux qui perçoivent des redevances de la part des communautés locales. Ce fond binational est en phase pilote et n’est pas encore totalement opérationnel.

Benin-Oueme-kanaal
Bénin (c) Brent De Smedt

Au Bénin, Join For Water expérimente le boisement de production comme mécanisme financier pour gérer durablement les canaux. Ces grands canaux servent au transport, reliant les villages et facilitant le commerce local et avec les grandes villes. Les drains agricoles permettent d’accroître l’activité agricole. Dans le cadre d’un premier projet pilote, des Eucalyptus à croissance rapide ont été plantés sur des terres appartenant à deux villages. Un comité composé de représentants des villages a été créé. Ils sont responsables de la gestion financière du boisement de production et de l’entretien du canal reliant les deux villages et des plantations d’Eucalyptus. Une analyse financière, réalisée par Join For Water et son partenaire CREDEL a permis de confirmer la rentabilité du boisement de production dans les quatre ans suivant la plantation.

Join For Water évalue actuellement la mise en œuvre du boisement de production sur des terres appartenant à la municipalité. Toutefois, les revenus tirés de la production d’Eucalyptus pourraient ne pas être suffisants pour entretenir les canaux municipaux. Cette initiative devrait être associée à un financement supplémentaire de la part du gouvernement. Ce mécanisme financier implique la création d’une ligne budgétaire au niveau de la municipalité. En effet, l’entretien des canaux relève officiellement de la responsabilité de la municipalité. Un budget adéquat devrait être alloué à leur entretien et compléterait les revenus provenant du boisement de production.

En savoir plus sur ce project au Bénin.